Quel public pour le film en corps ?

On entre dans la danse, d’emblée. « En corps », le nouveau film de Cédric Klapisch, en salles ce mercredi, s’ouvre sur les derniers échauffements avant le lever de rideau d’un ballet classique, la Bayadère, de Marius Petipa, dans un théâtre parisien. Pointes et grands écarts, côté coulisses. Dans la salle, le public s’installe. Premier tableau et les tutus s’élancent. C’est à ce moment-là qu’Élise, qui tient le rôle principal et attend de faire son entrée, surprend son amoureux, danseur comme elle, dans les bras d’une autre. Très perturbée, elle essaie de faire bonne figure, ne rien laisser passer. Mais l’émotion est forte. Trop forte. La danseuse se blesse à la cheville, le spectacle s’interrompt.

Le couperet tombe, une fois à l’hôpital : fracture de la malléole, entorse grave, rééducation longue. Les mots résonnent et Élise comprend. Sa carrière doit être mise en pause, peut-être pour longtemps. Alors, elle part avec une amie, pour changer d’air, prendre le temps de réfléchir. Elle atterrit en Bretagne dans une maison d’hôtes qui accueille des artistes. Une compagnie de danse contemporaine arrive pour une résidence dans la propriété. Avec eux, Élise va se remettre à danser, explorer un autre univers. Et s’y épanouir pleinement, loin des codes rigides du classique.

C’est une jolie histoire. On aurait envie d’y croire. Mais rapidement, quelque chose dérange dans le scénario. Tout est trop gros. Qui débarque dans la maison d’hôtes ? Des amis danseurs d’Élise, évidemment. Mais c’est un hasard… La relation avec le père, avocat coincé, qui ne sait pas dire « Je t’aime » est, elle aussi, un peu poussive. Quelque chose coince dans les personnages. Comme celui de Muriel Robin en propriétaire charismatique de la bâtisse, qui devient si proche d’Élise, si rapidement.

Ou le rôle de François Civil, un peu benêt en kiné et amoureux éconduit. Et Élise, alias Marion Barbeau, première danseuse à l’Opéra de Paris, qui peine à convaincre, un peu effacée, insaisissable. C’est mou, un peu mièvre (jusque dans le titre) et plein de bons sentiments. Pas désagréable, mais peu convaincant. Restent de très belles scènes de danse, classique, mais surtout contemporaine avec la compagnie du chorégraphe Hofesh Shechter. Des corps qui se libèrent, et qui eux, ne sonnent pas du tout faux.

La note de la rédaction :

« En corps », un film de Cédric Klapisch, avec Marion Barbeau, Pio Marmaï, François Civil, Muriel Robin, Denis Podalydès. (120 minutes)