Pourquoi exploite-t-on les hydrocarbures en arctique malgré des conditions très difficiles

Territoire très rude mais immense (il s'étend du pôle Nord au cercle polaire arctique - 66° de latitude - soit sur un peu plus de 21 millions de km2, l'équivalent de la superficie de l'ex-URSS) et particulièrement riche en hydrocarbures (pétrole, gaz...) et autres ressources naturelles, l'Arctique fait saliver les puissances riveraines (Russie, Etats-Unis, Canada, Norvège, Danemark)... mais aussi la Chine. L'Arctique englobe l'océan Arctique, les régions septentrionales de Norvège, Islande, Suède, Finlande, les archipels du grand nord canadien, le Groenland (Danemark), les côtes les plus au nord de la Russie et enfin l'Alaska (Etats-Unis). La définition politique inclut d'autres territoires comme la Laponie.

Bordé par l'Europe, l'Asie et l'Amérique, l'océan Arctique qui s'étend sur plus de 14 millions de km2, communique au sud avec l'océan Atlantique par la mer de Barents et le détroit de Fram, et à l'ouest avec l'océan Pacifique à travers le détroit de Béring. L'Arctique est un océan entouré de terres, contrairement à l'Antarctique qui est un continent entouré d'océan. Le développement de la vie y est ralenti par des températures très basses pouvant chuter jusqu'à -50°C et par une très faible luminosité une grande partie de l'année (nuits polaires). Dans ces conditions climatiques extrêmes, seule une maigre végétation parvient à exister, la toundra. Durant la période hivernale, la banquise se reconstitue pour atteindre, en mars, une surface de 14 millions de km2. En été, elle fond et se réduit à quelque 5 millions de km2, en septembre.

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Sa population s'élève à seulement 4 millions d'habitants (soit moins que l'agglomération de Saint-Pétersbourg) dont quelque 500.000 autochtones : Inuits (Esquimaux), Samis (Lapons), Iakoutes (Sakhas), et petits peuples du nord de la Russie dont les Nenets et les Aléoutes. Outre les huit nations riveraines, six organisations indigènes sont représentées au sein du Conseil de l'Arctique. Cette instance de coopération régionale, créée en 1996, a pour but de promouvoir "les aspects environnementaux, économiques et sociaux du développement durable dans la région".

L'Arctique qui abrite plus de 21.000 espèces animales ou végétales connues est une des dernières vastes régions mondiales restées à l'état sauvage. La préservation de la biodiversité est toutefois mise en danger par le développement des activités humaines. En réduisant l'étendue de la banquise, le réchauffement climatique constitue également une menace pour plusieurs espèces emblématiques comme les ours polaires et les phoques. Depuis les années 1990, le réchauffement est deux fois plus rapide au pôle Nord qu'ailleurs sur la planète ("l'amplification arctique"). Air, glace et eau interagissent dans un cercle vicieux de réchauffement. En 2019 et 2020, les températures se sont établies à des niveaux records. Ainsi, cette année, la banquise d'été a fondu jusqu'à la deuxième superficie la plus petite jamais enregistrée, après 2012.

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Susceptible de receler 13% des réserves de pétrole et 30% du gaz naturel non découvert dans le monde, une manne de plus en plus accessible grâce à la fonte accélérée des glaces, l'Arctique est au cœur des convoitises des Etats riverains, mais aussi de pays plus éloignés comme la Chine. La Russie, qui voit comme une priorité le développement des ressources naturelles de l'Arctique, vient de lancer un deuxième méga-projet gazier en Sibérie. La Norvège compte également sur les ressources du Grand Nord, la mer de Barents recelant 65% des réserves pétrolières du pays.

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Le gouvernement de Donald Trump a de son côté approuvé en août un programme ouvrant la voie à des forages d'hydrocarbures dans la plus grande zone naturelle protégée des Etats-Unis, en Alaska. Dans cette optique, la course aux revendications territoriales s'accélère. Moscou, Washington, Ottawa, Oslo et Copenhague ont réclamé l'extension de leur "plateau continental" au-delà de leur zone économique exclusive de 200 milles marins. La fonte accélérée de la banquise ouvre de nouveaux passages maritimes, amenés à jouer un rôle croissant dans les échanges internationaux. Dans ce contexte, la Russie qui mise sur le développement du trafic par le passage du Nord-Est reliant l'Europe à l'Asie, a ouvert de nombreuses bases militaires et scientifiques. De l'autre côté, la route du Nord-Ouest, au large du Canada, permettrait également de réduire considérablement la distance entre océans Atlantique et Pacifique.

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La raréfaction, à l’échelle mondiale, des énergies fossiles combinées au réchauffement climatique qui facilite désormais la navigation font de l’Arctique un espace très convoité pour ses nombreuses ressources. Cependant, la richesse du sous-sol du pôle Nord provoque logiquement des tensions entre les États riverains qui cherchent à s’approprier ce formidable potentiel.

1. Des ressources de plus en plus convoitées

a. Pourquoi cet intérêt marqué pour l'Arctique aujourd'hui ?

L’Arctique est un espace géographique qui suscite un intérêt croissant dans l’arène politique mondiale. Certains facteurs expliquent aujourd’hui cet intérêt nouveau. La disparition progressive de la glace de mer en été, résultant du réchauffement climatique, ouvre de nouvelles voies de circulation maritime (voir fiche Un milieu contraignant, un nouvel espace en voie d’intégration). Cette ouverture, conjuguée avec l’amélioration des moyens de communication et de transports, rendent l’espace plus accessible.
Par ailleurs, la pénurie mondiale de ressources naturelles aggravée par l’augmentation de la demande des pays émergents nécessite de trouver et d’exploiter de nouveaux gisements. Les progrès technologiques accomplis dans le domaine de l’extraction des ressources permettent aujourd’hui d’accéder aux ressources présentes en Arctique.

b. Quelles disponibilités en ressources ?

L’exploitation des ressources en Arctique est ancienne : les Basques venaient chasser la baleine en mer de Barents et les Nord-Américains ont exploité le pétrole dans le Yukon et en Alaska dès les années 1920. Cette exploitation se poursuit aujourd’hui et beaucoup de pays sont concernés : les Norvégiens exploitent le gaz dans le gisement off-shore de SnøHvit. Le parc arctique de la Russie représente déjà 12 % du PIB national, 80 % du gaz et 60 % du pétrole du pays. Les Canadiens, dont 40 % de la surface du pays est en zone arctique, disposent et exploitent de nombreuses richesses.

Mais ces nouvelles potentialités attisent la convoitise de tous. Ainsi au nord du continent américain, un tiers du potentiel en hydrocarbures est encore inexploité. La course pour l’accès à ces ressources est donc lancée et chacun cherche à gagner de nouveaux territoires. D’après une estimation d’une agence gouvernementale américaine en recherche géologique datée de 2008, l’Arctique recèlerait 22 % des ressources énergétiques non découvertes mais techniquement exploitables de la planète. Il rassemble à lui seul 13 % des réserves mondiales inexploitées en pétrole et 30 % pour le gaz. À ces ressources énergétiques, il convient d’ajouter les possibles gisements en minerais précieux. Ainsi le sous-sol de l’Arctique recèlerait également des réserves en cuivre, en nickel et en or.


2. De nombreuses tensions entre États

a. Pourquoi des tensions ? Un espace sous contrôle

Huit nations possèdent des territoires en Arctique. En effet, en plus du Canada, sept autres pays disposent d’une souveraineté sur des espaces s’étendent au-delà du 66e parallèle : la Norvège, la Suède, la Finlande, la Russie, les États-Unis avec l’Alaska, le Danemark avec le Groenland et l’Islande. On estime que 4 millions de personnes habitent au nord du cercle polaire. Entre ces pays, les tensions s’exacerbent pour des objectifs bien précis : il s’agit tout d’abord de s’approprier des territoires pour, en conséquence, contrôler les zones de pêche, d’exploitation de ressources énergétiques ou encore d’assurer le contrôle sur des routes commerciales.

b. Assurer sa souveraineté sur les territoires

Depuis 1982 et la convention de Montego Bay en Jamaïque, les États côtiers peuvent revendiquer des droits sur les ressources du sol et du sous-sol de la haute mer s’ils parviennent à démontrer qu’il existe un prolongement de leur masse terrestre sous la mer en delà des 370 km de la ZEE (Zone Économique Exclusive). Celle-ci marque la limite du domaine maritime d’un État côtier. Au-delà des 370 km, on entre dans la haute mer où prévaut la liberté de navigation. Les États côtiers n’y ont plus autorité. Il est donc dans l’intérêt de chaque État de démontrer que sa souveraineté peut s’étendre au-delà de la ZEE. Cependant, la convention fixe une limite : l’extension ne peut dépasser 680 km. Depuis 2009, à la faveur de la compétition pour l’accès aux ressources minières et énergétiques, les demandes d’extension des limites du plateau continental ne cessent d’augmenter devant la commission chargée de la question aux Nations unies. Cette commission cherche à concilier les États et vérifie rigoureusement le bien-fondé des demandes. Aussi, certains pays lancent des programmes et des expéditions scientifiques afin de convaincre que les espaces convoités se rattachent à leur plateau continental.

3. Quels sont précisément les enjeux ?

a. Contrôler l'accès aux ressources

La Russie a été la première à manifester très clairement ses ambitions. Depuis 2008, le pays a annoncé vouloir faire de sa région polaire une base stratégique pour assurer ses besoins en hydrocarbures, en ressources biologiques, en minerais et en eau. Ses scientifiques sont sollicités pour déterminer les limites du territoire que le pays pourra revendiquer. Canadiens et Américains dépêchent aussi sur place leurs scientifiques. Au printemps 2009, les Canadiens ont ainsi pu publier le premier atlas géologique de l’Arctique qui répertorie l’emplacement des gisements d’hydrocarbures et de minerais précieux.

b. Contrôler les zones de pêche

La fonte des glaces facilitant la navigation, de nombreux bateaux de pêche commencent à s’aventurer dans les eaux arctiques. Ce phénomène s’accentuera dans les années à venir. C’est pourquoi un pays comme le Canada cherche à affirmer sa souveraineté sur les eaux de l’archipel et à se doter de moyens d’y exercer un meilleur contrôle. Il pourra surveiller les activités de pêche suspectes et intervenir en cas de problème. Cet enjeu est d’autant plus crucial que l’océan Arctique est riche en ressources halieutiques (les ressources vivantes de la mer).

c. Contrôler les routes commerciales

L’objet des tensions est surtout le passage du Nord-Ouest. Le Canada considère que ce passage se trouve sous son entière souveraineté tandis que les États-Unis et l’Union Européenne estiment qu’il doit être classé comme un couloir de navigation international. Tout navire, quelque soit son pavillon doit pouvoir y circuler. Le Canada s’obstine à contester ce point de vue et, en 2009, a même symboliquement rebaptisé cette route le « passage canadien du Nord-Ouest ».

La richesse du milieu arctique, en ressources énergétiques, en minerais ou en ressources halieutiques, attise la convoitise des États riverains. Ils s’efforcent d’étendre leur souveraineté sur ces espaces. Cette compétition attise les tensions et fragilise les équilibres du milieu.

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