Les enjeux géopolitiques du changement climatique dissertation

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L'histoire du climat est devenue un objet historique au cours des années 1960-1970 et surtout dans les années 1980. Cet intérêt s'explique en grande partie par les changements climatiques constatés à cette époque. Le changement climatique actuel est une situation inédite du fait de son rythme, de son ampleur et de son étendue géographique. Ses conséquences sont dramatiques. En l'espace de 40 ans, on a assisté à la mise en place progressive d'une gouvernance politique mondiale du climat. Cette coopération internationale est cependant entravée par les intérêts économiques des États et les rapports de force entre les grandes puissances.
Dans quelle mesure l'histoire humaine a-t-elle déjà connu des mutations climatiques importantes et comment les sociétés humaines se sont-elles organisées pour y faire face ? En quoi le changement climatique qui s'opère depuis les années 1980 diffère-t-il des précédents ? Comment la question climatique et les négociations internationales qui s'y rapportent sont-elles devenues un enjeu géopolitique majeur ?

L'histoire du climat, fruit des recherches croisées entre l'histoire et les sciences, a commencé à s'écrire dans les années 1960-1970 et surtout dans les années 1980. La planète Terre a connu des mutations profondes de son climat au cours de son histoire à l'échelle des temps géologiques et historiques. Toutefois, le changement climatique actuel est inédit du fait de son rythme, de son ampleur et de son étendue géographique, et ses conséquences sont dramatiques.

Lorsque l'on parle du climat, une question se pose : comment écrire son histoire ? C'est tardivement que cette question se pose, à la fin du XXe siècle. Il est difficile de retracer l'histoire du climat.

L'intérêt des historiens pour l'histoire du climat date des années 1980. Il s'explique par la prise de conscience du changement climatique actuel. En France, Emmanuel Le Roy Ladurie est un des grands historiens de la période allant du XVIe au XVIIIe siècle. Il a innové en s'intéressant à l'histoire du climat dès sa thèse de doctorat dans les années 1960 puis il a écrit une histoire du climat, devenue une référence.

Toutefois, il y a une certaine difficulté à faire l'histoire du climat. Deux types de problèmes se présentent :

  • celui des sources humaines ;
  • celui des sources scientifiques.

Les sources humaines sont diverses mais fragmentaires. Elles présentent un problème : l'accent est mis sur les phénomènes exceptionnels (sécheresse, tempêtes, inondations, froid extrême, etc.). Les fluctuations sur le temps long n'ont pas été perçues par les contemporains car les écarts de températures sont faibles (inférieurs à 0,5 degré).

Les journaux personnels, les mémoires, les peintures ou les dates des vendanges sont des sources humaines pour étudier l'histoire du climat.

Les sources scientifiques sont arrivées tardivement. Les premières publications des relevés météorologiques datent du XVIIIe siècle, notamment avec les recherches menées par le physicien et naturaliste Réaumur.

L'histoire ne suffit donc pas pour étudier l'histoire du climat, d'où la nécessité de s'appuyer sur des disciplines différentes.

Les fluctuations climatiques sont très anciennes. La Terre a 4,5 milliards d'années, elle a donc été marquée par des climats différents. Un réchauffement climatique a ainsi eu lieu au Moyen Âge. On note également un âge glaciaire du XIVe siècle au milieu du XIXe siècle. Ces fluctuations climatiques ont eu des conséquences multiples.

L'astronome et géophysicien Milutin Milankovic a mis au point une théorie mathématique du climat révolutionnaire, mais elle n'a été reconnue qu'au cours des années 1970. Il a estimé qu'au cours des 700 000 dernières années, 4 périodes dites glaciaires ont eu lieu.

En -8000, la Terre connaissait une température moyenne de 2 °C supérieure à celle d'aujourd'hui, le Sahara était une savane. En effet, une planète plus chaude est aussi plus humide : l'augmentation des températures provoque une plus grande évaporation des eaux océaniques et une modification du régime des moussons. Le Sahara était arrosé par plusieurs centaines de millimètres de pluie annuelle (contre 5 millimètres aujourd'hui). Aussi, comme l'ont montré les peintures pariétales, le Sahara abritait des girafes, des hippopotames, des lions et de nombreux lacs.

Entre 900 et le début du XIVe siècle, les étés ont été plus chauds et les hivers plus doux. Les conséquences ont été non négligeables : des forêts plus accessibles pour le bétail, l'exploitation de nouvelles terres, la culture de la vigne se faisait jusqu'en Écosse. Cela a permis l'augmentation de la population, qui s'est concentrée dans les villes, parfois nouvelles.

Un petit âge glaciaire a eu lieu du XIVe siècle au milieu du XIXe siècle, marqué par des étés plus frais, plus humides, et des hivers plus rigoureux (avancée des glaciers, etc.).

Entre 1659 et 1700, on recense 10 hivers durant lesquels la température moyenne à Paris était inférieure à 2 °C par rapport à la moyenne hivernale du XIXe siècle.

Les fluctuations climatiques ont des conséquences importantes : économiques, sociales mais aussi politiques.

Cette œuvre montre la vigueur des hivers hollandais du milieu du XVIe siècle. Elle est une des nombreuses peintures hollandaises de l'hiver effectuées dans la période allant de 1565 à 1665 et une des premières représentations de ce thème en grand format.

Dates et lieux Événements climatiques et conséquences Bilan humain

1693-1694, en France

Mauvaises récoltes en 1692 et 1693 à la suite de pluies abondantes, famine et épidémie 1 300 000 morts
1709-1710, en France Hiver très rigoureux (-26 °C à Paris en janvier), mauvaise récolte, famine 600 000 morts
1718-1719, en France Étés très chauds, dysenterie (maladie) 400 000 morts
1845-1849, en Irlande Étés humides et frais, accélération de la diffusion de l'épidémie de la pomme de terre (mildiou), famine et émigration

1 500 000 morts

1 000 000 d'émigrants vers les États-Unis

Le changement climatique actuel est une situation inédite du fait de son rythme, de son ampleur et de son étendue géographique. Les conséquences sont dramatiques. L'être humain est en grande partie responsable du réchauffement climatique actuel.

L'augmentation des températures moyennes depuis la seconde moitié du XIXe siècle est de +1 °C.

Les 20 premières années du XXIe siècle sont la période la plus chaude depuis 2 000 ans.

En 2016, la température moyenne était supérieure de 1/1,5 °C aux températures moyennes de la période préindustrielle.

Le réchauffement climatique actuel est un phénomène mondial : toutes les régions sont concernées, de manière inégale.

Les conséquences du réchauffement sont dramatiques.

Les travaux du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, fondé en 1988) ont établi en 2013 les liens entre les activités humaines et le réchauffement climatique.

L'usage des ressources combustibles fossiles dans tous les domaines de la vie – transports, production industrielle et agricole, construction, éclairage, chauffage, climatisation, etc. - engendre une concentration des gaz à effet de serre (GES) et aggrave l'effet de serre de la planète et donc son réchauffement.

La Chine est responsable de 27 % des gaz à effet de serre émis dans le monde, les États-Unis de 14 % et la France de 1 %.

Les changements climatiques sont devenus véritablement des enjeux mondiaux qui sont un test de la capacité humaine à organiser une gouvernance mondiale efficace et rapide.

La mise en place progressive d'une gouvernance politique mondiale du climat se fait depuis 40 ans. Cette coopération est entravée par les intérêts économiques des États et les rapports de force entre les grandes puissances. Multilatéralisme et unilatéralisme, intérêts nationaux et vision globale de la question environnementale s'affrontent et empêchent une coopération internationale véritablement efficace.

En l'espace de 40 ans, on a assisté à la mise en place d'une progressive gouvernance politique mondiale du climat.

La prise de conscience de la nécessité d'agir à l'échelle mondiale s'est faite à la fin du XXe siècle. Les premières réunions internationales datent de 1972, à l'occasion de la première Conférence des Nations unies sur l'environnement au cours de laquelle la protection de l'environnement est énoncée comme priorité internationale, et de 1979 avec la première conférence mondiale sur le climat.

Une nouvelle étape est franchie par la constitution du GIEC en 1988. Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) est un organisme fondé sur l'idée d'une coopération entre des scientifiques et des gouvernants des États membres, dans le but de réaliser l'état des lieux de la connaissance de la situation et des changements climatiques. Les rapports émis par cet organisme serviront de référence pour les conférences internationales.

La mise en place d'une coopération internationale se fait vraiment depuis les années 1990. La Conférence de Rio en 1992 inaugure l'idée d'une gouvernance climatique internationale et permet la mise en place de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). C'est le premier traité international sur le climat, ratifié par la plupart des États. La Conférence de Rio permet également l'introduction de principes innovants :

  • responsabilité commune mais différenciée en fonction du niveau de développement ;
  • rôle donné aux ONG environnementales comme force de proposition.

Cette conférence est complétée par des protocoles, élaborés par les COP (Conférences des parties), réunions annuelles des États ayant ratifié la Convention, qui font le point de la situation et prennent des mesures.

La COP 3 aboutit au protocole de Kyoto (1997) : réduction de la part des pays industrialisés des GES de 5,2 % entre 2008 et 2012 par rapport à 1990. Entré en vigueur en 2005, il est ratifié par 195 États.

La COP 21 est connue pour avoir abouti à l'accord de Paris (2015) :

  • accord universel et fondé sur la différenciation en fonction des capacités et des responsabilités ;
  • limitation de la hausse des températures à moins de 2 °C par rapport à l'ère préindustrielle ;
  • aide de 100 milliards de $/an à partir de 2020 de la part des puissances riches en faveur des États les plus pauvres.

La mise en place d'une coopération internationale est entravée par les rapports de force des grandes puissances. Multilatéralisme et unilatéralisme s'affrontent. Les inégalités mondiales et les différents enjeux des États empêchent une coopération internationale véritablement efficace.

Les réalisations des conférences et protocoles des années 1990 signent le succès du multilatéralisme. Cependant, depuis les années 2000, l'influence de l'unilatéralisme, nourri par le climatoscepticisme et les intérêts économiques, a limité les atteintes des objectifs.

Les États-Unis refusent le protocole de Kyoto dès 1997 et sortent de l'accord de Paris en 2017. Ils ne sont pas les seuls : le Canada sort du protocole de Kyoto en 2011.

Les enjeux ne sont pas les mêmes pour les différents pays : 

  • Pour les États riches, les enjeux sont économiques et politiques : il s'agit de changer de mode de production et de consommation.
  • Les puissances émergentes (Chine, Inde, etc.) sont confrontées à un vrai dilemme : leurs émissions de GES sont en forte augmentation en raison de leur croissance économique et ces puissances sont souvent fortement touchées par les conséquences du réchauffement climatique auquel elles contribuent.
  • Pour les Pays les moins avancés (PMA), qui sont situés dans des zones à risques et qui sont économiquement fragiles, la situation est dans certains cas tragique, surtout pour les pays insulaires ou ceux qui sont situés sur les littoraux.

La limite majeure de la gouvernance climatique mondiale est le poids des intérêts économiques des grandes puissances :

  • protocole de Kyoto : absence des États-Unis, du Canada (retiré en 2011) et de la Chine ;
  • accord de Paris : absence des États-Unis (2017), de la Russie et de l'Australie (2018).

L'élaboration des textes ne prévoit pas de sanctions en cas de non-respect des accords. Aujourd'hui, moins de 10 % des États signataires de l'accord de Paris respectent les objectifs. De plus, la lenteur de la mise en application des mesures est un frein : les engagements ne seront contrôlés qu'en 2025.

En 2017, les experts constatent déjà que l'accord de Paris sera difficilement appliqué et que, dans ce cas-là, la température de la Terre augmentera de 3 à 3,2 °C à la fin du siècle, voire de 5,5 °C.

Greta Thunberg est une très jeune militante écologiste suédoise qui s'est fait connaître pour ses discours engagés en faveur d'une politique active face au réchauffement climatique. Elle déclare ainsi à l'ONU :

Greta Thunberg, durant le Sommet sur l'urgence climatique au siège de l'ONU

Il existe une véritable opposition entre deux processus contradictoires :

  • celui de la gouvernance climatique sous l'égide de l'ONU ;
  • celui de la réalité du monde marquée par l'extension géographique du système capitaliste (recherche de la rentabilité financière) avec l'exploitation des ressources des énergies fossiles.

Il est nécessaire de repenser le mode de fonctionnement économique. Face à certaines mutations, parfois brutales, de véritables révolutions concernant le mode de vie sont nécessaires si l'être humain veut survivre.

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